Benoît Malon

La Morale Sociale

22.00

Qui est Benoît Malon ?

Benoît Malon (1841-1893) est l’une des grandes figures oubliées du socialisme français. Ce pur autodidacte d’origine paysanne, quittant – à pied – son Forez natal pour gagner la capitale, ouvrier teinturier à 22 ans, entre en politique dans les années 1860, tout d’abord dans la lignée d’un socialisme mutuelliste et fédéraliste, d’inspiration proudhonienne. Il devient ensuite dirigeant de la section française de l’Internationale avec Varlin, député puis communard. Après une longue période d’exil, il deviendra l’un des principaux protagonistes et théoricien – notamment dans le cadre de la Revue socialiste qu’il fonde et anime durant prés de 10 ans – d’un socialisme réformiste et républicain dont l’influence sur Jaurès est désormais reconnue.

Le livre

La Morale sociale (1885), justement préfacée par Jaurès, est certainement, avec son Socialisme intégral (1890), l’œuvre la plus représentative de la singularité du socialisme de Malon. Développant son rapport critique au matérialisme, manifestant sa volonté de contenir, au double sens du terme, le marxisme dans une nouvelle synthèse doctrinale qui laisserait toute sa place à la tradition socialiste française (Saint-Simon, Fourier, Pecqueur, Blanc, Proudhon), ce texte défend un socialisme moral.
De la même façon que Jaurès cherchait dans les replis du socialisme allemand, derrière son bouclier matérialiste, le souffle de l’idéalisme, Malon vise à intégraliser la pensée socialiste, à ranimer son « sentimentalisme généreux » contre le trop exclusif et réducteur fatalisme économique de ses lois historiques. Résolument évolutionniste, cette somme, passant en revue le développement de la morale sous ses formes religieuses, philosophiques, matérialistes et panthéistes, montre comment à chaque période historique réciprocité, altruisme et sociabilité progressent, combien le « frisson vivifiant de la sympathie universelle » s’y diffuse. Parce que la morale est avant tout le produit de l’organisation sociale, de l’association des hommes, son accomplissement exige le plus grand perfectionnement de l’association. C’est ce perfectionnement qu’incarne, pour Malon, le socialisme, et c’est par lui que s’instaurera une « forme d’association toujours plus étendue et plus perfectionnées [qui] amènera forcément une prédominance croissante des sentiments altruistes sur les sentiments égoïstes et, par suite, une forme socialiste ou solidariste des groupements humains ».
L’introduction à l’ouvrage, au-delà de la présentation de ce texte, tentera de restituer le parcours politique et l’ensemble de son œuvre doctrinal dans son contexte, mais aussi de souligner l’héritage malonien, fondamental de la genèse du socialisme républicain et réformiste français.

L’auteur :
Philippe Chanial est maître de conférences en sociologie, Université Paris-Dauphine. Il a notamment publié : Justice, don et association. La délicate essence de la démocratie, La découverte, coll. Recherches, 383 p ; 2001, en collaboration avec J.L Laville, A.Caillé et al., Association, démocratie et société civile, La découverte, coll. Recherches, 224 p. ; en collaboration avec D.Cefaï, L’association comme politique, Collection « Actualité de 1848 », Thierry Quinqueton éditeur, Paris.

Informations complémentaires

ISBN

978-2-915651-62-1

Pages

390

Format

13×20.5

UGS : 7b1de560a177 Thème : Collection :