Jérusalem n’est pas perdue

La philosophie juive de Joseph Salvador et le judéo-républicanisme français

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Si la philosophie juive allemande est bien étudiée et bien connue, on se trouve en peine de citer des penseurs juifs français du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle. Pourtant, une tradition puissante a existé, qui s’est perpétuée jusqu’à nous. Avec Joseph Salvador, ce livre nous restitue la pensée d’un auteur étrangement méconnu, sans doute le penseur juif français le plus important du XIXe siècle, à l’origine de cette tradition.

Contrairement à une opinion reçue, le judaïsme français d’après l’Émancipation ne se contente pas de proposer une régénération et une assimilation, de raser les murs et de parler à voix basse.

Tout au contraire, assumant frontalement son conflit avec le christianisme, il défend une identité forte et formule une véritable apologie du judaïsme. Ce dernier, restitué à sa fierté, fournit un modèle et une inspiration pour la politique démocratique, républicaine, libérale, socialiste, cosmopolitique qui se cherche depuis les Révolutions d’Angleterre, d’Amérique et de France.

Pour s’accomplir, la modernité doit donc retourner à ses sources juives, à la religion mère des monothéismes chrétien et musulman, à La Loi de Moïse et à la République des hébreux.

Vincent Peillon propose ici le premier exposé complet de la philosophie juive de Joseph Salvador, mais aussi une étude des influences qu’il a pu exercer et des dialogues qu’il a pu nouer, directement ou indirectement, avec d’autres penseurs juifs, français ou étrangers. Ce faisant, il propose une interprétation nouvelle du judaïsme français comme judaïsme d’abord et éminemment politique.

L’œuvre de Joseph Salvador (1796-1873) comporte plusieurs ouvrages importants : la Loi de Moïse ou système religieux et politique des Hébreux (1822), l’Histoire des institutions de Moïse ou du peuple hébreu (1828), Jésus Christ et sa doctrine. Histoire de la naissance de l’Église, de son organisation et de ses progrès pendant le premier siècle (1838), l’Histoire de la domination romaine en Judée et de la ruine de Jérusalem (1847), Paris, Rome, Jérusalem, ou la question religieuse au XIXe siècle (1860).