Félix Pécaut

Quinze Ans D’éducation

22.00

Qui est Félix Pécaut (1828-1898) ?

Pasteur et théologien protestant, chef de file d’une extrême gauche religieuse qui a rompu avec l’orthodoxie, Félix Pécaut (1828-1898) est rapidement passé à la pédagogie et à la politique. Il s’impose dans les années 1870 comme le commentateur aigu de la nécessaire réforme scolaire d’une nation humiliée par la défaite. Son amitié avec Ferdinand Buisson, le chef d’orchestre de l’école laïque, lui vaut d’être placé en 1879 à la tête de la nouvelle École normale supérieure de jeunes filles de Fontenay-aux-Roses, la ruche dont la République entend qu’elle diffuse jusque dans la moindre école de hameau ses principes pédagogiques, démocratiques et éthiques. À ce poste, Pécaut donne toute sa mesure, celle d’un directeur d’âmes et même d’un mystique: pendant dix-sept ans, il réunit les normaliennes chaque matin, à sept heures, et après l’écoute d’un chant leur propose une méditation dans laquelle la politique et la littérature se mêlent à la philosophie et à la spiritualité, avec pour ombre tutélaire celle d’un Pascal. On a parlé à propos de Pécaut du «Saint-Cyran d’un Port-Royal laïque» ; les uns ont dénoncé cette influence protestante à la tête de l’État, les autres se sont réjouis de ce que la laïcité ne se confonde pas avec le positivisme et qu’elle s’efforce d’enseigner un art de vivre et même un «art de mourir», selon le mot du sage de Fontenay.

Cette direction de conscience matutinale qui accompagna les décennies fondatrices du régime n’aurait laissé aucune trace écrite, si les cahiers de Pécaut, aujourd’hui perdus, n’avaient été d’abord conservés. En 1902, quelques années après une mort peut-être hâtée par son désespoir devant l’affaire Dreyfus, un choix de méditations était publié dans Quinze ans d’éducation (Notes écrites au jour le jour). C’est ce livre sans équivalent dans la production républicaine qui est réédité. On y trouvera bien moins et bien plus qu’un traité de pédagogie: les éphémérides de la première laïcité, une parole, au sens presque physique, soucieuse de donner à la République cette intériorité qui lui manque sans doute le plus, hier comme aujourd’hui.

 

L’auteur :  Agrégé d’histoire, ancien élève de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, Patrick Cabanel est professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Toulouse-Le Mirail.
Il a publié de nombreux ouvrages et articles notamment consacrés au catholicisme, au protestantisme et au judaïsme et à diverses questions concernant la laïcité et l’anticléricalisme (le certificat d’études comme rituel, le spiritualisme républicain, la politique anticongréganiste de Combes, les trois visages missionnaires de la France sous la IIIe République, avec les congrégations religieuses, la Mission laïque et l’Alliance israélite universelle, etc.).
Il s’est également intéressé à l’histoire de l’éducation et aux phénomènes de diasporas religieuses et culturelles – directeur de l’équipe Diasporas (UMR Framespa, Toulouse), il est le fondateur et directeur de la revue semestrielle Diasporas. Histoire et sociétés (depuis 2002). Directeur de collections d’histoire aux Presses universitaires du Mirail et aux éditions Privat ; conservateur du Musée du protestantisme en Haut-Languedoc à Ferrières (Tarn). Il a été membre junior de l’Institut universitaire de France.

Informations complémentaires

ISBN

978-2-915651-97-3

Pages

440

Format

13×20.5

UGS : c2c96cb16202 Thème : Collection :