Hélène Yvonne Meynaud

La Part De L’étranger.e – Travail & Racisme

20.00

La construction de l’autre – l’étranger, la femme – comme essentiellement différent de par sa « couleur », ses potentialités, son comportement, est un des moyens de réassurer la puissance de la personne de référence : l’homme occidental, riche, bon père de famille, et en santé. Les décideurs peuvent alors, en toute respectabilité, dominer, subordonner, sous-payer, retenir, expulser.
Pour cela, le marché international des travailleurs attire une main d’œuvre plus diplômée, taillable et corvéable par sa précarité, pour les tâches non délocalisables : chantiers, restauration, tâches de nettoyage et d’assistance à la personne, etc. Les industries et services s’exportent vers les pays à très bas coût de main d’œuvre. Cette exploitation croisée est un système qui à été dévoilé en France, entre autres, par les grèves des sans-papiers.
L’origine étrangère, réelle ou supposée, rend l’emploi permanent quasi inaccessible. La discrimination raciale au travail est démontrée par de nombreuses statistiques. L’auto-emploi est une des solutions trouvées pour gagner sa vie. Des plaintes pour fichage ethnique et discrimination raciale commencent néanmoins à aboutir dans les tribunaux et à rendre justice aux « sans »…
Le comptage ethno-racial, technique statistique inspiré du soi-disant modèle états-unien, est proposé comme préalable à la résolution de ces problèmes. Les obstacles éthiques et techniques à de tels comptages sont nombreux. Cela conforte l’idée de la matérialité des clivages « raciaux ». La « race » serait ainsi recréée comme mode explicatif des inégalités. Compter certes, mais les discriminations, qui ont une définition juridique et qui ne stigmatisent pas les personnes. Les plus discriminées n’ont d’ailleurs que peu d’appétence à être catégorisées selon telle « race » ou telle ethnie.
Autres bricolages, les politiques de diversité sont mobilisées pour (re)dorer l’image des entreprises et des gouvernements, saupoudrant par-ci, noircissant par-là, remplaçant l’exigence de promotion des femmes par celle des divers, avant de passer à d’autres catégories pour la bonne communication. De telles politiques servent incidemment à promouvoir un commerce « ethnique » qui ne s’embarrasse pas de la nationalité de l’autre, les profits sont sans origine.
Des actions de changement sont possibles. Les discriminations établies, des mesures de rétablissement des droits sont réalisables en établissant des quotas, en modifiant le recrutement et l’organisation du travail, l’échelle des salaires, etc.. La mise en échec du modèle républicain peut être renversée, et l’étranger(e) trouver une juste place dans la cité, celle de partenaire dans la démocratie.

Hélène Y. Meynaud est sociologue, chercheure dans une entreprise privée, membre associée du laboratoire Genre, Travail et Mobilités (CRESPPA-CNRS), et juge au Conseil des Prud’hommes de Boulogne-Billancourt. Elle a notamment publié Les Sondages d’opinion (avec D. Duclos), La Découverte, 2007.

 

Presse :

Energies syndicales | janvier 2011

L’Humanité | octobre 2010

Le Monde Diplomatique | mai 2010

Alternatives Economiques | avril 2010

Agenda interculturel | février 2010

axelle | février 2010

Informations complémentaires

ISBN

978-2-35687-056-8

Pages

300

Format

13×20,5

UGS : a70ed0ddb4f7 Thème : Collection :